A savoir avant de travailler dans le jeu video

1. Pourquoi travailler dans le jeu vidéo?
2. Ce job de rêve a un coût: l’instabilité
   1. Financière
   2. Emploi et évolution de carrière
   3. Mobilité
3. Conséquences
4. Travailler dans le jeu pose des risques personnel
   1. Conditions de travail
   2. Isolation
5. Cela vaut-il le cout?

Pourquoi travailler dans le jeu vidéo?

L’industrie du jeu attire des employés investis dans leur travail. C’est agréable de travailler avec des collègues motivés et compétent.

Généralement, le travail lui-même est décrit comme plus intéressant par rapport à d’autres industries. Le rythme est plus rapide, vraiment itératif et le souci de produire le meilleur jeu possible est généralement partagé par tous.

Produire un jeu est extrêmement complexe, ce qui amène souvent une qualité de collaboration qu’on trouve rarement ailleurs. Surmonter les obstacles ensemble crée souvent des liens forts.

Ce job de rêve a un coût: l’instabilité

Financière

Les salaires sont plus bas dans le jeu vidéo par rapport à d’autres industries: c’et la “taxe passion”. A la sortie d’école, la différence peut varier de 22 à 24k annuel brut contre 28 à 32k annuel brut hors jeu video en France. Dans l’ouest Canadien, le tarif horaire pour un équivalent de CDD est plus bas de 10$ de l’heure.

Emploi et évolution de carrière

Le jeu vidéo est supporté par des emplois instables: enchainement de CDD, contrat “projet” en France, équivalent des CDD en régie et portage salarial dans l’ouest canadien. L’AFJV affirme que le pourcentage de CDI augmente avec 33% en 2016 contre 61% en 2022, mais globalement, les contrats précaires restent la norme.

C’est difficile d’obtenir un CDI et même en ayant un CDI, les opportunités d’avancement de carrière peuvent être limitées au sein d’une entreprise.

Bien que l’industrie du jeu vidéo brasses des millions, “l’instabilité du marché” inhérente au “cycle du jeu vidéo” implique des contractions périodiques qui rendent les emplois plus précaires que dans d’autres industries: liquidations de studios qui ferment pour les plus petits, licenciements en masse dans les grands…

Mobilité

La meilleure façon de progresser dans sa carrière est donc de changer de poste régulièrement. Le monde du jeu vidéo étant petit, cela signifie qu’il faut être prêt à se déraciner à répétition pour aller où le travail se trouve, souvent à l’international, parfois tous les 6 mois. L’isolation que cela peut entrainer augmente les risques pour la santé mentale des employés, et les laisse sans soutien externe en cas de difficultés au travail.

Conséquences

En conséquence, les gens quittent l’industrie pour un travail plus stable et mieux rémunéré au bout de 10 ans en moyenne - une fuite de cerveaux qui ralentit l’innovation et la maturation de l’industrie.

Travailler dans le jeu pose des risques personnel

Conditions de travail

Les conditions de travail dans le jeu vidéo ont fait la une des journaux plus d’une fois: normalisation des heures supplémentaires, culture souvent favorable au harcèlement au travail, contrats souvent abusifs difficiles à juger pour des travailleurs internationaux…

Même si les conditions de travail ne sont pas en cause, avoir son nom dans les crédits peut ouvrir à des attaques personnelles de la part de “fans” et jusqu’à présent, très peu d’entreprises protègent leurs employés contre cela.

Isolation

Le secret est un aspect central du développement des jeux: tout est sous NDA/clause de confidentialité y compris les contrats. Cela limite les opportunités de partage, que l’on parle de sujets de conférences toujours politiquement corrects, de capacité à montrer son travail dans son portfolio ou des barrières que pose à la simple solidarité entre employés, sans même parler de rejoindre et/ou participer à un syndicat/union.

Cela vaut-il le cout?

En sachant les avantages et les risques, a chacun de décider.

Certains inconvénients peuvent être des avantages selon ses goûts et son stade de vie: changer de pays régulièrement pour le travail peut être positif ou pas selon la personne.

Les avantages et difficultés que l’ont peut rencontrer varient beaucoup selon le métier, le pays, l’employeur. Notre identité joue aussi: une femme ou une personne de couleur aura certainement plus de difficultés à se faire une place dans cette industrie qu’un homme blanc. Les conditions s’améliorent lentement en moyenne, avec des pas en avant et en arrière mais c’est certainement un mode de jeu plus difficile que d’autres.

Mais les choses ne s’amélioreront que si on crée soi-même la place que l’on aimerait trouver. Au moins, en sachant à quoi s’attendre on peut se protéger et accélérer les changements que l’on veut voir. Les plus privilégiés peuvent faire la fine bouche et éviter les postes dans des entreprises/équipes problématiques. Pour ceux qui n’ont pas le choix initial, des groupes de soutient commencent à exister.

Avec les années la chose la plus importante que j’ai appris, est qu’on n’obtient ce que l’on veut que si l’on sait ce que c’est; et cela permet de ne pas faire de compromis sur ce qui compte le plus. Par exemple, je refuse de me déraciner de nouveau pour un travail. J’ai besoin d’une ambiance conviviale et collaborative avec les collègues pour faire du bon travail. J’apprécie avoir de l’autonomie et avoir la liberté de prendre des responsabilités qui m’intéressent même si elles vont au delà de mon poste. Je préfèrerais avoir officiellement le poste, le salaire et les avantages qui reflètent le travail que je fais réellement, mais le moindre stress et meilleur équilibre vie pro/vie perso a plus de valeur pour moi que de gagner la course sans fin du hamster dans sa roue professionnelle.