Scratches - Dans l’antre de la peur (Revue du jeu)
- Le jeu démarre
- Cinématique d’intro.
- Gameplay
- Environnement et ambiance
- Le final
- En conclusion
- Edit - Le renouveau : Scratches director’s cut.
Le jeu démarre
Je retrouve avec indifférence le filtre vieux film sur la cinématique. Musique classique, ambiance désaturée, les photos noir et blanc défilent, étranges. Cela me rappelle grandement les débuts d’Alice (american mcgee’s alice) ou l’histoire est racontée par photos interposées. Enfin, ici, elles permettent de prendre connaissance avec les lieux… L’une d’elles flotte dans l’eau.
Cinématique d’intro.
Courte, mais efficasse, le narrateur instaure une ambiance de bon vieux roman de détective. A ce point, on ne sait toujours pas grand chose. Si je n’avais pas été informée de l’histoire, ‘aurais surement trouvé le jeu ennuyeux et l’aurais quitté sans tarder.
Gameplay
Je retrouve avec plaisir un point and click à la myst. Dors et déjà disons que cette partie du jeu a été réalisée avec soin et s’est avérée efficace. Si l’on retrouve certains problèmes spécifiques, ils n’étaient pas tant horripilants que dans d’autres. Se retrouver coincé à ne pouvoir prendre une clef parce qu’on n’a pas cliqué avec la loupe sur un endroit d’une photo est franchement agaçant.
Le problème étant à nouveau un manque de constance dans l’action. certaines photos sont observables, d’autres pas, quand bien même les deux donnent des indices sur l’endroit où chercher… La différence ici étant que l’on ne voyait pas non plus l’objet convoité et inaccessible, on évite la frustration du jeu mal fait pour passer à celle du rester coincé sans savoir que faire. Le jeu a une vitesse, un rythme très lent. C’est relativement déroutant au départ, mais l’on se retrouve vite soi même dans le demi calme auqel nous confronte le jeu. Cette lente solitude a quelque chose de reposant en soi. On se donne plus facilement le temps d’explorer en détail.
Environnement et ambiance
L’environnement présenté est riche et varié. Même si l’espace de jeu est limité, cela ne pose pas de problème. Le couloirs se suivent et ne se ressemblent pas. Ajoutant au réalisme du jeu, on se retrouve comme une personne ayant juste emménagée à repérer peu à peu l’emplacement des pièces et des objets. Si on se perd un peu au début, une fois que le tour du propriétaire est fait, il est aisé de se situer dans l’espace. Pour ce qui est du contenu, la décoration vieillotte ajoute crédibilité à la maison et commencent à établir l’ambiance qui règnera tout au long du jeu. Un ambiance lourde, stressante, relativement désagréable quand ce n’est pas dérangeante. Ainsi, les tableaux les plus classiques, style réaliste, représentant des sujets auxquels l’on peut s’attendre produisent un effet pour le moins inhabituel, du au contexte. Ainsi, l’image d’un christ tout ce qu’il y a de plus typique pourra créer un sentiment de malaise. Jusqu’aux meubles dont la style ancien, les formes, les ombres projetées prêtent à confusion. Combien de fois ai-je confondu une chaise avec une sorte de magicien, ou trouvé leurs dossiers pointus, agressifs, menaçants. De même les masque africains, les fenêtres, les plantes… Il faut dire que l’ambiance sonore y est pour beaucoup. Entre grattements, sifflements, cognements, crissements, le piano comme musique d’accompagnement fait fausse note. La cave en particulier est insupportable. A se demander si le silence oppressant est préférable au bruit irritant. Le effets graphique, les filtres flous directionnels suivant les mouvements de la cameras; employés à des moments critiques, on se demande si c’est nous qui voyons double, flou, à force de jouer
Notons aussi les nombreuses références littéraires. En montant au premier pour la première fois, j’ai été enchantée de voir un tableau représentant Cthulhu. De même, si l’on s’attarde sur les rayonnages de livres, on pourra trouver sur de rares exemplaires des remarques du personnage sur certains ouvrages. (Références à Lovecraft, King, mais aussi Myst, le Necronomicon, Linux? etc. )
Ce qui m’amène à parler du personnage. Ces nombreux petits commentaires sur son état, ses pensées, ce qu’il voit mais surtout ce qu’il ressent. Le fait de percevoir ainsi l’existence du personnage en tant que lui même le rend plus crédible, intéressant et surtout nous rapproche de lui.
Il se crée un véritable lien, une sorte de sphère dans le jeu qui n’est ni le personnage, ni soi, mais quelque chose entre les deux. en voyant que le personnage partage nos impression, nous tendons à partager les siennes tout autant, avec comme résultat de rendre les ambiances stressantes encore plus insupportables, quitte a réellement paniquer lorsque personnage en montre les signes.
Dans cette ambiance lourde l’histoire prend tout son sens. Bien que le démarrage soit extrêmement lent, on rentre dans l’histoire progressivement, passant de la trame initiale, mal connue au départ à la trame principale lorsque l’on est plus familier avec soi même. Bien construite, crédible, le scénario est digne d’un roman d’horreur, dans la continuité de lovecraft. On retrouve les caractéristiques principales de ses récits, y compris sa composante que j’aime le moins : le thème de la dégénérescence humaine, de la non humanité de personnes. Si dans l’oeuvre de lovecraft les propos tenus regardant ce sujet m’insupportent, l’aspect qui me les rend désagréable n’est pas présent dans le jeu. On retrouve les thème, mais pas l’approche, même si ayant lu lovecraft on ne peut ne pas s’y référer. L’histoire nous tient en haleine, et la fin trop facile sous entend bien ce qui va arriver par la suite. Les moment de calme et de tension sont parfaitement alternés, et l’immersion est telle que quelques secondes de jeu permettent de se retrouver dans l’ambiance, même si celle ci est fragile ( une intervention extérieure a vite fait de diminuer la tension. Ce n’est pas le genre de jeu qu’on peu jouer en mangeant une pizza ). La mise en scène de l’histoire a pourtant quelques lacunes. Entre autre, il est agaçant de se croire coincé quand il s’agit en fait de faire ce que le personnage a refusé jusque là ( écrire ou dormir… )
Le final
Une des meilleurs fin de jeux que j’ai vue récemment, mais encore une fois, une fin qui me semble bâclée. Comparée au reste du style, je me serais attendu à avoir le narrateur du début, dire les phrases typique ” je ne suis jamais retourné à cet endroit depuis, ni même approché de la ville; Je n’ai parlé à personne de ce que j’ai réellement vu en bas, dans cette cave. Ils me croiraient fous. Parfois, la nuit, j’entends encore des grattements…” ou quelque chose du genre…. La dernière scène du jeu est trop lente et malheureusement peu crédible par conséquent, ce qui est dommage. Mais la toute dernière image, passant après le générique de fin, rattrape le tout, se rapprochant plus de ce qu’on attend de ce genre d’histoires. Ils auraient d’ailleurs pu s’épargner certaines parties de la cinématique, comme montrer ce qu’il y a dans le trou, la seconde fois…
Edit : une petite correction : il existe une scène durant laquelle le narrateur conclu son récit, dans le genre de ce que j’aurais attendu te que j’ai expliqué ci dessus. Je ne l’avais pas vue à cause d’un bug mal tombé. Cela rend la fi un peu moins décevante, mais le texte est loin d’être digne du reste de l’aventure.
En conclusion
Avec une ambiance aussi bien travaillées, une interactivité excellente, des dialogues crédibles, adaptés aux différentes situations, ce jeu crée vraiment un univers émotionnel à part, explicables par quelques concepts psychologiques ( la question étant, étais-ce à dessein, ou étais-ce des effets secondaires d’un design plus général? ). L’immersion dans le jeu est immédiate et si les évènements extérieurs au jeu peuvent la rompre facilement, ils peuvent aussi participer à son maintient. L’histoire est digne d’un roman de lovecraft, le suspense, le maintien de la situation au limites entre le réel et le fantastique, le tout empreint d’une certaine folie. C’est un exploit à mon sens que d’avoir réuni un tel concentré d’émotion dans un point and click, preuve qu’on peut avoir peur dan un jeu sans constamment utiliser des effets de chocs au rabais, de combats contre des monstres qui surgissent de coins sombres, ni scènes sanglantes à la volée. Une des meilleures expériences de jeux du genre.
Edit - Le renouveau : Scratches director’s cut.
Attentes
Voilà un jeu qui me fait peur. Au vu des rares screens que j’ai rencontrés sur la toile, le sang au dessus de la cheminée, les cris à la place des grattements, je tremble. Je tremble à l’idée que les développeurs réduisent à néant tout ce que j’ai dit dans ma critique, l’ambiance stressante, le recours à la psychologie de freud pour créer la peur, das Unheimliche…
Je n’ai pas encore vu en rayon ou eu d’exemplaire entre les mains, mais je me pencherais dessus à la première occasion pour je l’espère, infirmer mes soupçons :p
La dernière visite
4 objets, et un magnétophone inutile; un environnement réduit à un demi rez de chaussée et un étage; quatre “énigmes” et une balade à travers la maison pour finir la partie, une fin qui tombe comme un cheveu dans la soupe… Cela aurait été plus intéressant de vraiment enquêter, retrouver ce qu’a laissé Artate, certaines notes qu’il a lu, même si cela implique un air de déjà vu. certes les vandales ont fait un bon boulot, et en dehors des tags moches, la déco a été bien revue. Je ne voulais pas croire qu’il n’y avait que cinq minutes de jeu, mais en fait, si….
Décevant.
Le jeu en lui même connait de légères modifications au niveau de la bande son, mais elles sont minimes. Les décors ne sont pas vraiment changés. On remarque surtout de petits détails comme des coins de tapis retournés, etc. La grosse différence est la résolution d’écran qui passe de 800600 à 1024768. Cela dit, si la qualité est théoriquement meilleure de fait, cela n’influence pas vraiment l’expérience de jeu.
En bref, ce n’est pas vraiment intéressant d’acheter le collector pour les améliorations. Par contre, pour ceux qui n’ont pas l’original, cela vaut la peine de l’acheter: la différence de prix étant aussi minime que les différences remarquables, autant avoir une qualité un brin supérieure.
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